Ce document élaboré par l’INSEE en septembre 2016, vise à donner les éléments d’évaluation des niveaux de vie de la population française en 2014. Il convient de souligner que cette étude est fondée sur des calculs ne prenant en compte que la population vivant en France métropolitaine et déclarée fiscalement, soit 62.2 millions de personnes pour un total de la population française de 2014 établi à 66,02 millions.

Depuis 2008, et après deux ans de baisse, il est possible de constater que les niveaux de vie[1] stagnent. Pourtant les inégalités s’amoindrissent en France. Si le niveau de vie médian[2] en 2014 est indiqué à 20 150 euros annuel, 14.1% de la population française vit en dessous du seuil de pauvreté – 60% du niveau de vie médian – soit un revenu mensuel de 1 008 euros.

Il convient alors de se demander si les niveaux de vie ont évolué en 2014, suite à la crise de 2008, au plan de revalorisation du RSA socle et aux changements fiscaux de 2013.

Ainsi, l’INSEE remarque que malgré différents facteurs d’évolution, le niveau de vie en 2014 se stabilise, les inégalités demeurant relativement les mêmes, et le taux de pauvreté stagnant à 14.1%. De plus, la situation de pauvreté reste finalement intrinsèquement liée au statut d’activité et à la situation familiale.

 

  1. Les niveaux de vie des français en 2014 relativement stables

 

  • les niveaux de vie stagnent

 

Il est possible de constater que « la position sur l’échelle des niveaux de vie détermine l’évolution de ce dernier ». En effet, ces évolutions varient en fonction de la nature des revenus. Un exemple illustre ce fait : la baisse des revenus du patrimoine a engendré une diminution du haut de la distribution[3], tandis que le recul des revenus d’activité entraine une stabilisation de la hausse du bas de la distribution. Ainsi, une position haute sur l’échelle de la distribution ne sera affectée que par les évolutions qui concernent les revenus élevés, donc les niveaux de vie hauts, et vis versa.

Les niveaux de vie en dessous de la médiane étant légèrement en hausse et ceux situés au-dessus de la médiane légèrement en baisse, ces évolutions affectant des niveaux de distribution différents se compensent. Le niveau de vie moyen stagnant, les inégalités se stabilisent.

 

  • La réduction des inégalités se stabilisent

 

Les évolutions tendent à réduire ou augmenter les inégalités. En 2014, les indicateurs soulignent les faibles modifications des inégalités. Ainsi, l’indice de GINI[4] démontre que le rapport entre la masse des niveaux de vie des 20% plus aisés et des 20% plus modestes ne progresse que légèrement – 0,2 point.

Le taux de pauvreté en 2014 reprend donc celui de 2013, et reste à 14,1%. 8,8 millions de personnes vivent ainsi au-dessous du seuil de pauvreté monétaire, 65,8% des ménages bénéficiaires du RSA vivent en dessous du seuil de pauvreté, et 41,7% pour les ménages bénéficiant du minimum vieillesse. La structure de la population pauvre demeure donc inchangée.

 

Cette stabilisation des niveaux de vie en 2014 se justifie au regard des facteurs sociaux de la population : selon leur statut d’activité et leur situation familiale les personnes disposent d’un niveau de vie plus ou moins élevé, et donc sont plus ou moins susceptibles d’être soumis à la pauvreté.

 

  1. La pauvreté dépendant des facteurs sociaux

 

  • Liée au statut d’activité

 

L’évolution des niveaux de vie dépend de celle des facteurs sociaux. En effet, le niveau de vie est lié au statut d’activité des personnes.

Tout d’abord, le niveau de vie des moins de 18 ans et des actifs occupés demeure stable, de par l’amélioration des revenus d‘activité pour la première distribution. Néanmoins, le taux de pauvreté des indépendants augmente, leurs revenus d’activité continuent de baisser, ce qui explique l’augmentation du nombre d’auto entrepreneurs.

Par ailleurs le taux de pauvreté touchant les chômeurs et les inactifs diminue légèrement. Si en 2014 36,6% des chômeurs vivent en dessous du seuil de pauvreté, il est toutefois possible de souligner l’augmentation du niveau de vie des chômeurs. En effet, la part des chômeurs occupant auparavant des professions bien rémunérées et l’âge des chômeurs augmentant, les allocations moyennes perçues sont plus élevées.

De plus, le taux de pauvreté des retraités continue de baisser de par les revalorisations successives du minimum vieillesse, et les nouveaux retraités disposant d’anciens niveaux de vie plus élevés –leur carrières étant plus complètes. Seules les personnes de plus de 75 ans ne bénéficient pas de cet avantage, puisque l’ensemble est composé essentiellement de femmes, disposant de faibles retraites, ou de personnes seules -le décès du conjoint diminuant les parts des couples.

Les personnes actives occupées disposent donc d’un meilleur niveau de vie que les autres, qui se trouvent plus souvent en dessous du seuil de pauvreté.

 

  • Liée à la situation familiale 

Les couples avec ou sans enfant connaissent un taux de pauvreté nettement moins élevé que les familles monoparentales. En effet, 35,9% des personnes qui vivent dans une famille monoparentale sont pauvres. De plus leur part dans la population classée en dessous du seuil de pauvreté augmente – + 1,4% en 2014. Ceci trouve sa principale explication dans le fait que le revenu d’activité d’un seul parent est souvent faible. La proportion de familles monoparentales bénéficiant des minima sociaux augmente.

 

 

Les niveaux de vie en 2014 n’ont donc que peu été modifiés, malgré les différents facteurs d’évolution et les inégalités demeurent donc stables.

Si le niveau de vie des actifs occupés est bon, celui des chômeurs, familles monoparentales et inactifs demeure faible, et ces catégories restent les premières à être touchées par la pauvreté.

 

 

BILAN

Le niveau de vie en 2014 se stabilise, en comparaison aux niveaux de vie de 2008 à 2013. Ses évolutions demeurent intrinsèquement liées au statut professionnel et à la situation familiale.

  • La position sur l’échelle des niveaux de vie détermine l’évolution de ce dernier. Ces évolutions varient en fonction de la nature des revenus.
    Aussi, le constat pour l’année 2014 souligne qu’en dessous de la médiane, le niveau de vie est légèrement en hausse, et au-dessus de la médiane, légèrement en baisse.

 

  • « Les inégalités se stabilisent », comparées à 2013. Les indicateurs 2014 tendent à se stabiliser au niveau proche de 2008 tandis que l’indice de GINI augmente de 0.2 point de pourcentage.

 

  •  Le taux de pauvreté stagne à 14.1% en 2014 .
    8 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté monétaire (soit 1 008 euros mensuel).
    Pour une personne seule, le RSA s’élève à 509 euros, l’ASPA à 792 euros
    8% des ménages bénéficiaires du RSA vivent en dessous du seuil de pauvreté, et 41.7% pour les ménages bénéficiaires du minimum vieillesse
  • La structure de la population pauvre est inchangée.
    • «Une légère diminution de la pauvreté chez les chômeurs et les inactifs » s’observe avec :

      Un taux de pauvreté des actifs occupés stagnant.
      Pour les indépendants, une hausse du taux de pauvreté engendrant une augmentation du nombre d’autoentrepreneurs.
      Un niveau de vie des chômeurs qui a sensiblement augmenté.
      Un taux de pauvreté des retraités qui continue de baisser.
      Pour les moins de 18 ans, une stabilisation du taux de pauvreté.
      Des inactifs beaucoup plus touchés par la pauvreté.

 

  • « Les familles monoparentales sont les plus pauvres »
    Les couples, avec ou sans enfant, connaissent un taux de pauvreté nettement moins élevé que la « famille » monoparentale, trois fois plus pauvre que les autres.
    Leur part dans la population pauvre augmente de 3% entre 2013 et 2014, et taux de pauvreté en hausse (+1.4 point en 2014)

 

Source : INSEE Première n° 1614 – Septembre 2016

[1] Niveau de vie = Revenu disponible – (revenu déclaré à l’administration fiscale + revenus financiers non déclarés + prestations sociales perçues + prime pour l’emploi) – impôts directs – du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (calculées par l’OCDE).

[2] Niveau de vie médian : Partage la population en deux telle que la moitié des personnes disposent d’un niveau de vie inférieur et l’autre supérieur.

[3] Distribution : Haut et bas de distribution concernant la distribution totale du niveau de vie.

[4] Indice de GINI : Mesure le degré d’inégalité du niveau de vie pour une population donnée (0 = égalité parfaite et 1 = inégalité extrême).

aloysia biessy