Le second tour des élections présidentielles semble faire d’Emmanuel Macron le favori pour devenir le nouveau chef d’Etat des Français. La « macronmania » est en marche et s’apprête avec un sourire enjôleur à poursuivre la défiguration de ce qu’il reste de l’éthique en France. Candidat libertaire, il veut rassembler des électeurs séduits qui ne craignent pas l’hypocrisie de celui qui est favorable à la reconnaissance des enfants nés d’une gestation pour autrui (GPA) à l’étranger et défavorable à la légalisation de cette dernière en France. Chez Emmanuel Macron, il n’y a pas de vision globale, pas de projet « sociétal », si ce n’est celui de la déconstruction. A l’image de ses prises de paroles, l’homme est opportuniste. Si pour lui la GPA en France pose la question de la marchandisation du corps humain, il suffit de passer une frontière pour que le problème disparaisse. Une pensée fractionnée digne d’un homme sans consistance qui encourage la GPA à l’étranger et fait de la France une complice discrète du trafic d’êtres humains.

Egalement favorable au mariage pour tous, Emmanuel Macron doit se réjouir puisque cette union « a ouvert la porte à l’adoption sans père et aux mères porteuses. Les cas se multiplient. Les juridictions suivent. Un état de fait s’installe, qui autorisera bientôt à aller plus loin encore », ainsi que le relaie le journaliste de Valeurs actuelles Mickaël Fonton. 2012 restera une année clef, celle d’une fracture sociétale induite par une crise identitaire non résolue. 2017 pourrait être celle de l’apogée de ce clivage où la procréation médicalement assistée (PMA) et la GPA seront l’aboutissement d’une errance en matière de bioéthique.

Ludovine de La Rochère, présidente de « la Manif pour tous » a enquêté sur le marché des bébés rendu possible à travers l’exploitation du corps des mères porteuses. Son enquête l’a amené aux portes de New Genetics Global (NGG). Cette société asiatique propose des « maternités de substitution » ou plus exactement des catalogues de mères porteuses. Pour attirer la clientèle, le site offre également quelques avantages à des clients particuliers comme une réduction de 5% pour les couples homosexuels. Acheter des enfants soldés ne choque personne et pour cause puisque la société se veut bienveillante : «  nous sommes empathiques et nous vous considérons comme des membres de notre famille »… L’objectif de l’enquête est de dénoncer le trafic d’êtres humains « porté par des réformes sociétales mises en œuvre dans des pays occidentaux ». Dans cette dynamique, la Thaïlande risquerait de devenir « l’utérus du monde » en tentant d’instituer « une GPA éthique » . Un utérus superficiel dont la Belgique, qui a donné naissance à 2000 bébés Français conçus par insémination artificielle avec donneur, semble se faire le promoteur. La présidente de « la Manif pour tous » insiste : « cette GPA éthique n’existe pas, [qu’]elle n’existera jamais ».

Ces entreprises sont florissantes et ne se cachent pas, à l’instar de la société américaine Men Having Baby, MHB. Le 3 mai 2015 à Bruxelles, elle avait réuni 200 personnes venant de Belgique, de France et d’Allemagne, pour leur proposer les services d’une vingtaine d’agences et de cliniques spécialisées dans la pratique de la gestation pour autrui (GPA) aux USA, Canada et Inde. Xavier Lombard, créateur d’entreprises et blogueur a enquêté pour le Figaro sur cette société : « les agences tentent de rendre le sordide acceptable. Elles font la promotion d’un «voyage de la maternité de substitution», un vocabulaire soigneusement choisi anesthésie la conscience de la transgression ». L’intérêt individuel « d’avoir un enfant » prime sur l’intérêt général, celui de protéger la société contre l’esclavagisme moderne et la déshumanisation de la société, fruit d’une déconstruction idéologique de l’homme anthropologique.

Depuis la circulaire Taubira validée en décembre 2014, les juges peuvent désormais accorder la nationalité française aux enfants nés de la GPA à l’étranger. Le message est clair : légaliser l’illégal. Désormais, « la seule réalité qui tienne en terme de filiation sera la réalité juridique » au détriment de la réalité naturelle. Emmanuel Macron qui dans son programme, promet de ne pas laisser les enfants issus d’une GPA, sans existence juridique méconnaît donc le droit en vigueur.

Adeline le Gouvello 39 ans, avocate au barreau de Versailles, a plaidé pour l’association Juriste pour l’enfance (JPE) et rappelle « nous intervenions pour dire que ce n’est pas ceux qui ont recours à la GPA, en violation de la loi française, d’en effacer la trace ». L’avocate témoigne de son inquiétude face à des juges laxistes qui statuent au-delà de la loi : « on a des plaintes classées sans suite, des enquêtes qui piétinent. Les juges valident tout, au mépris de la loi française, comme s’ils étaient tétanisés ». Choquée par cette attitude irresponsable, l’avocate se souvient d’une affaire en mars 2016, à Blois où une femme avait par trois fois vendu ses bébés et a été condamnée « sous le simple chef d’escroquerie ». L’avocate s’insurge : « il y a une vente d’enfant qui leur passe sous le nez, avec récidive en plus, et les juges retiennent l’escroquerie ». Pour rappel, la femme incriminée « qui n’en n’était pas à son coup d’essai, avait promis l’enfant à un couple homosexuel après une insémination artisanale, avant de déclarer l’enfant mort-né et de le vendre à un autre couple ». Les juges ne sont plus « la bouche de la loi » ainsi que cela a été conceptualisé par Montesquieu, ils sont la bouche d’un mouvement libertaire. Ils enregistrent les dérives de la société au lieu de les combattre. Forts de leur caste, les magistrats s’accommodent des lois. Maître le Gouvello dénonce cette hypocrisie manifeste : « la mère a quand même eu de la prison avec sursis mais les autres n’ont eu que des amendes. Vous imaginez un dealer condamné pour escroquerie et non pour le trafic lui-même ? Les prévenus, qui avaient pourtant consciemment violé la loi, étaient partie civile ; ils s’estimaient floués ! Il n’y avait que les enfants qui n’étaient pas là, que personne ne représentait sauf nous. Dans n’importe quelle affaire de chat maltraité, il y a au moins un délégué de la SPA, qui représente l’animal. Pour les enfants personnes ! »

Si l’irresponsabilité des magistrats doit être soulignée, celle de nombreux médecins doit également être dénoncée à l’instar du manifeste des 130 médecins qui ont publié dans les colonnes du Monde « nous, médecins, avons aidé des couples homosexuels à avoir un enfant même si la loi l’interdit ». Ce subterfuge fait écho au  « manifeste des 343 salopes » qui avait pris en otage la justice pour soutenir la légalisation de l’avortement en France. La réplique a été donnée par plus de 200 autres médecins qui rappellent que « les deux principaux buts de la médecine sont prévenir les maladies et soigner les malades. […] Même s’il doit accompagner les couples stériles en désir d’enfant, le médecin n’a pas tous les droits pour faire surgir la vie ». La bataille contre la chosification des personnes et la primauté des intérêts personnels sans limite veut séduire en insinuant que la femme est prisonnière de sa condition physique et que le contrôle absolu de son corps, par elle-même, est la dernière étape de son émancipation.  Selon le gynécologue René Frydman, « père d’Amandine, le premier bébé éprouvette » : «La loi est en retard, elle est devenue un obstacle. […] Ce qui se joue ici, c’est la dernière étape de l’autonomie des femmes. Après l’IVG, après la contraception, […] voilà l’ultime moment où elles peuvent échapper à leur soumission à la nature ». Ainsi, suivant la logique consumériste de la société, le corps de la femme serait donc enchainé à sa nature lorsqu’il donne la vie de manière naturelle et idolâtré lorsque l’on peut le louer pour vendre son enfant… Le paradoxe est immense.

La pression politique progressiste libertaire prône « un droit à l’enfant » mais omet de parler « des droits de l’enfant ». L’enfant est chosifié, il est un bien que l’on vend pour le plus grand bonheur des parents ou plus précisément pour « l’intérêt supérieur de l’adulte » au détriment de « l’intérêt supérieur de l’enfant ».

Non content de déconstruire les familles, c’est la nature même de l’homme et de la femme qui est affectée. Depuis l’arrivée de la théorie du genre dans le débat politique, tout est fait pour bafouer l’ordre naturel. Preuve en est : les transgenres sont désormais associés abusivement aux transsexuels. La confusion n’est pas un hasard. Ludovine de La Rochère rappelle que les personnes transsexuelles « sont anatomiquement indéterminées » alors que les transgenres sont des « hommes ou des femmes [qui] mettent en avant une indétermination psychique ».

Dès lors que le sexe ne détermine plus le genre, subordonné à l’ordre naturel ; dès lors que le mariage hétérosexuel a pour équivalent le mariage homosexuel, le couple n’a plus vocation à être la norme et le « trouple » peut désormais être envisagé comme son équivalent. Or, puisque la loi Taubira n’est ni plus ni moins qu’une loi sur l’union de deux personnes détachées de l’ordre naturel, les « trouples » eux aussi pourraient revendiquer ce détachement. « Un jour, la fécondation in vitro (FIV) à trois parents sera une revendication sociétale des trouples, et je vois mal, en l’état actuel des choses quels arguments on leur opposera ». Les questions relevant de la bioéthique ne sont pas l’apanage d’esprits étriqués, effrayés par ce monde sans mesure ni limite si ce n’est celle de l’intérêt individuel. La bioéthique doit être au cœur des débats politiques car comment accorder son suffrage, sa confiance à ceux qui nient l’ordre naturel pour faire triompher leur idéologie victimiste d’une société qui souffrirait de trop d’inégalité. L’ordre naturel jadis harmonieux est défiguré par des personnalités comme Emmanuel Macron qui claironne « que la PMA ne soit pas ouverte aux couples de femmes et aux femmes seules est une discrimination intolérable ».

A l’aune d’un nouveau quinquennat, les clivages idéologiques doivent s’effacer pour servir le Bien-commun. Celui ou celle qui gouvernera demain la France doit travailler à restaurer notre société qui souffre d’une « infantilisation » chronique ainsi que le déplore l’association Famille Liberté. Les questions relatives à la GPA et la PMA ne sont pas le monopole des couples homosexuels, mais affectent aussi les couples hétérosexuels. Le laboratoire d’idée pour la défense de la famille enjoint les candidats à sortir de leurs idéologies en promouvant la recherche, complétement négligée, sur les causes de la stérilité. L’association Famille et Libertés s’étonne en effet, que « le budget consacré à la PMA soit de 245 millions d’euros par an alors qu’il est inexistant pour les recherches sur les causes de stérilités et les modes alternatifs à la PMA et la GPA tel que la Naprotechnologie ». Plus encore, elle invite à former les médecins à cette technologie de procréation naturelle médicalement assistée ainsi qu’à la prise en charge des soins. « Lorsqu’une femme consulte pour infertilité, elle a une infime chance d’abord d’entendre parler de Naprotechnologie, ensuite, si elle en entend parler, elle aura du mal à trouver un praticien et puis, à obtenir un rendez-vous de celui-ci, débordé car il est presque seul à répondre à beaucoup de demandes. Si elle obtient enfin un rendez-vous elle ne pourra bénéficier du traitement et du suivi que si elle a une aisance financière qui le lui permette ».

NB : Cette note est faite de façon objective en se fondant sur le dossier de Valeurs Actuelles du 20 avril 2017-« PMA-GPA, ce que l’on vous cache » ; l’article du Monde du 17 mars 2016 ; sur l’article du Figaro du 11mai 2015 – « GPA : de 60.000€ à 150.000€ le prix du bébé à Bruxelles » et sur les propos recueillis lors d’un entretien avec l’association Famille Liberté du 25 avril 2017.

aloysia biessy