De la laïcité « pour tous » ?
La question des crèches dans les mairies pose problème quant à la laïcité des lieux publics, mais le problème est bien plus large.
Avec la loi de 1905 notamment, la laïcité s’est construite, en France, dans l’idée de gommer toutes les différences, religieuses en partie, dans la sphère publique. Dans cet espace public, le citoyen est égal aux autres et doit être comme les autres. La religion est donc reléguée à l’espace privé uniquement. Au-delà de l’unique séparation du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel, l’Etat est supposé être neutre sur la question religieuse, avec le même traitement pour tous des citoyens, mais il doit également permettre à chacun d’exercer sa religion.
La crèche : élément de culte ou élément de culture ?
Pour le cas précis des crèches, l’article 28 de la loi relative à la séparation des Eglises et de l’Etat dispose qu’« Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions. » La crèche semble donc rentrer dans ce cadre, comme signe ou emblème religieux. Pour certains elle n’a donc pas sa place en mairie.
En effet la crèche reste l’un des nombreux signes de la religion chrétienne que nous retrouvons dans la culture française, comme tirer les rois de la galette ou la célébration du jour de Pâques. En effet, l’histoire de France nous montre bien que ces éléments de culture chrétienne imprègnent la culture française, par notre calendrier mais également dans nos pratiques et coutumes. Au-delà de l’expression d’une foi sur la voie publique, il s’agit plutôt de l’expression d’une culture, d’origine chrétienne. En Provence en particulier avec les santons, mais également dans toute la France, la crèche s’est développée depuis le Moyen-Âge, avec une représentation populaire de tous les corps de métiers (le boulanger, le berger…).
Dans la sphère privée, c’est-à-dire au sein des églises et des maisons, la crèche est un lieu de recueillement devant la Sainte Famille. Mais dans une mairie ou sur la voie publique, elle est plutôt l’expression d’une tradition et également celle des valeurs de notre pays : la protection des faibles.
Quelques personnes demandent d’accepter une France actuelle, alliant plusieurs cultures, origines et religions ; mais alors ne nions pas que la France est également composée d’un passé, aux origines chrétiennes. Nous commémorons les différents évènements de notre histoire, sans hésiter à nous repentir bien souvent, alors acceptons cet élément de notre histoire. Oui la France est –aussi- imprégnée de culture chrétienne.
Enfin, nous pourrions éventuellement entendre cette laïcité qui nous crie de cacher cette crèche qu’ils ne sauraient voir, mais encore faudrait-il que nous soyons garantis des contre parties de la laïcité qui entend le respect du culte et l’égalité entre les religions.
Une laïcité à double sens
Pour de nombreux chrétiens, un sentiment de « christianophobie » se fait sentir. Non seulement l’irrespect de la religion chrétienne dans le pays se poursuit depuis l’anticléricalisme de la Révolution française, mais dans le même temps la France condamne –à juste titre certes- l’antisémitisme, le racisme, l’islamophobie, l’homophobie… Toutes ces minorités ont leur protection dans notre droit, mais pas les chrétiens ou encore les Blancs avec le racisme anti blanc. Certains considèrent que ces deux catégories sont majoritaires et s’estiment faussement lésées, alors que dans le même temps ils n’hésitent pas à leur dire qu’ils ne sont qu’une minorité de réactionnaires dès qu’ils prennent la parole dans l’espace public.
Pourquoi les mairies ne pourraient pas installer de crèche lors des fêtes de Noël, alors que dans le même temps la mairie de Paris organise une fête pour le Ramadan il y a tout juste 5 mois ?
Et l’irrespect des lieux de culte chrétiens par les Femen qui ne sont pas condamnées, alors que dans le même temps nos tribunaux condamnent des personnes pour « violence psychologique » en déposant des têtes de porc devant une mosquée à Mayotte ? Pourtant, l’article 32 de la loi sur la laïcité stipule bien que « Seront punis des mêmes peines ceux qui auront empêché, retardé ou interrompu les exercices d’un culte par des troubles ou désordres causés dans le local servant à ces exercices. »
Nous constatons que la laïcité est à géométrie variable et nous n’en comprenons plus vraiment le sens. Les religions ne doivent pas se mêler de politique comme le montre l’article 26 de la loi de 1905 : « Il est interdit de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituellement à l’exercice d’un culte » ou encore l’article 35 « Si un discours prononcé ou un écrit affiché ou distribué publiquement dans les lieux où s’exerce le culte, contient une provocation directe à résister à l’exécution des lois ou aux actes légaux de l’autorité publique, ou s’il tend à soulever ou à armer une partie des citoyens contre les autres, le ministre du culte qui s’en sera rendu coupable sera puni d’un emprisonnement de trois mois à deux ans, sans préjudice des peines de la complicité, dans le cas où la provocation aurait été suivie d’une sédition, révolte ou guerre civile ». En revanche, nous acceptons des associations s’affichant violemment contre les religions, comme c’est le cas de la Fédération nationale de la Libre Pensée.
La laïcité à la française va dans un sens d’uniformité ; alors que ceux qui se targuent aujourd’hui de la laïcité font en réalité la promotion du multiculturalisme.