« Il était une France », René Cagnat
Il était une France est le dernier livre de René Cagnat, sorti aux éditions du Rocher en avril 2014. Cet auteur, né à Madagascar, est un officier et diplomate devenu écrivain et spécialiste de l’Asie centrale (où il vit désormais, au milieu de nulle part). Il est de ces hommes dont la foi en la France est éternelle, et de ces voix qui, d’outremer, interpellent la métropole pour lui rappeler ses origines et son essence.
Cette œuvre s’adresse en premier lieu aux petits-enfants et petits-neveux de l’auteur, pour autant le travail historique de René Cagnat interpelle tout Français fier de son pays. L’auteur ne va pas cesser de rappeler aux lecteurs le génie français, un génie qui se perd face aux décisions prises par notre société et par une mondialisation qui détruit la différence, la particularité nationale au bénéfice d’un conformisme planétaire.
Il était une France est un récit fondé sur une véritable ambivalence, l’auteur présente une fresque historique de la France à travers l’histoire de sa famille, tout en faisant preuve de pédagogie, comme nous pouvons le voir au fil d’une œuvre où s’intercale des courts passages adressés à ses « chers enfants » et au lecteur. L’originalité de ces derniers est la vérité brute qui est exprimée, « la vie vous l’apprendra : rien n’est pire que la passivité et rien n’est moins français », une vérité qui n’est pas totalitaire mais qui est simplement tirée de l’expérience de l’auteur. Bien des fois l’auteur choque notre conformisme, notre politiquement correct avec des propos patriotiques. Pourtant nul ne peut lui en tenir rigueur, après tout, ce roman n’est-il pas l’autobiographie d’une famille qui se bat pour la Mère Patrie depuis quatre générations ? Le patriotisme, devenu une notion obscure en Europe et un symbole de barbarie, suprématie raciste ou colonialiste, est pourtant le lien spirituel et historique qui rassemble tout Français amoureux de son pays et de sa culture.
Cette lettre ne retrace pas seulement l’histoire d’une famille, mais c’est l’Histoire de notre nation qui nous est transmise. Les différents conflits qui se succèdent au fil des années permettent à l’auteur de mieux rendre compte des divisions qui affectent notre belle France. La première d’entre-elles concerne le côté maternel de l’auteur : la famille Edelmann est originaire d’Alsace et la Première Guerre mondiale va voir s’affronter des membres d’une même famille au sein de deux armées, en pleine lutte à mort. Sans parler du rejet de certains camarades causé par un nom à consonance allemande, surnommé dès lors le « Boche« . Pour autant, cette insulte n’a pas remis en cause la fidélité du soldat pour la France. Une autre preuve de la division nationale durant cette période a lieu lors du second conflit mondial, la France est alors partagée entre pétainistes et gaullistes, à l’instar de sa famille. Là encore cette division politique s’est effacée devant l’honneur national, l’exemple frappant de la « fourbe » attaque britannique sur Madagascar, attaque qui rallie tous les français sous le même drapeau et ce malgré les divergences politiques. Cette lettre est donc aussi un message d’unité dans une France troublée par les conflits politiques et culturels incessants.
En outre, René Cagnat rappelle à travers son livre les valeurs humaines, chrétiennes d’une France, et plus généralement d’une Europe en pleine crise morale.
Le livre de René Cagnat ne se résume pas en un simple éloge familial et à aucun moment l’auteur se cache derrière l’héroïsme de ces « Grands Anciens ». Dès la deuxième partie du livre, temps réellement autobiographique, l’écrivain nous fait part de ses moments de faiblesse, comme lors de la mort de l’un de ses hommes au cours d’un exercice de tirs ou bien une certaine insouciance. Et pourtant, comme nous le montre son incroyable carrière, ces turpitudes n’ont pas été des limites définitives à l’homme, puisque celui-ci fait le choix de changer en faisant preuve de volonté, tout en ayant toujours à cœur de servir la France. Voila le destin de cette famille qui, au fil des générations, a en tout temps fait le choix de la Patrie et finalement, l’essayiste propose cette destinée à ses enfants et à tout bon patriote.
Il était une France magnifique, symbole même de la fraternité, de l’honneur, de la grandeur morale… Cette France n’est pas perdue et la lettre de René Cagnat en est la preuve. Nous devons retrouver les valeurs de nos « Grands Anciens », reconquérir notre Histoire et l’héritage transmis depuis des générations. L’œuvre didactique offre de nombreux outils pour favoriser ce réveil français : un patriotisme sans faux-semblant, une volonté à toute épreuve et avoir à cœur le service de la France.
Finalement, l’auteur se résume en ces termes : « Elle était si belle et si bienveillante que j’ai eu beaucoup de joie à vous la faire connaître. Est-elle morte aujourd’hui ? Pas du tout, car elle vit en vous comme en moi. Il suffira seulement de nous ressaisir, de reprendre courage, de retrouver dans notre tradition un solide fondement et alors, même si le peuple s’est modifié, même si sa culture a évolué, réapparaîtra une France digne de ce nom : « Il sera une France », grâce à vous, je l’espère ! »