Pourquoi l’immigration n’est pas utile à l’économie française
L’immigration, telle qu’elle existe aujourd’hui en France (quantité et qualité), loin d’apporter une solution à nos difficultés économiques (vieillissement, retraites, compétitivité, etc.) est plutôt un facteur aggravant de nos problèmes. Les arguments des milieux patronaux en faveur de l’immigration reflètent de simples intérêts particuliers à courte vue. Sur cette question, la gauche immigrationniste fait figure d’ « idiot utile » du Medef.
L’immigration, telle qu’elle est, ne fait pas baisser le taux de chômage ni augmenter le taux d’emploi
D’un point de vue statistique, la population immigrée contribue à augmenter le taux de chômage français.
La France compte déjà plus de 3 millions de personnes peu qualifiées au chômage; il n’est pas raisonnable de considérer qu’il faille en faire venir d‘autres de l’étranger pour occuper les emplois que les Français n’occupent pas. Une vraie question, rarement posée, est de savoir à quel niveau de salaire les Français peu qualifiés accepteraient les emplois en question. Les études les plus complètes sur les effets de l’immigration sur le marché du travail (Cf. Borjas ) concluent que l’immigration peu qualifiée exerce une pression à la baisse (ou du moins à la non-hausse) sur les salaires des personnes peu qualifiées déjà installées (natives et immigrées). Comme le disait un rapport de la Chambre des Lords sur les effets économiques de l’immigration:
L’argument qui soutient que l’immigration nette est nécessaire pour occuper les emplois vacants et que les immigrants occupent des emplois que les locaux ne peuvent ou ne veulent pas exercer est fondamentalement erroné. Il ignore les alternatives potentielles à l’immigration pour répondre aux pénuries de main d’oeuvre, y compris l’ajustement par les prix dans un marché du travail compétitif et l’accroissement de l’offre de travail local qui en résulterait en l’absence d’immigration.
On trouve la même argumentation sur le plan théorique (mais sans données expérimentales) dans le rapport de Gilles Saint-Paul remis au ministre de l’immigration en 2009.
L’immigration n’apporte pas de solution au problème du financement des retraites
On dit souvent qu’il faut des immigrés pour financer les retraites. Le raisonnement est que les immigrés sont jeunes et qu’ils cotisent. On traite donc l’immigration comme un surcroît d’enfants. Mais la France fait déjà suffisamment d’enfants pour reproduire sa population. Il n’y a donc pas de problème démographique grave. Les difficultés de financement des retraites ne tiennent pas, en France, au manque d’enfants mais à l’allongement de la vie. La solution rationnelle à ce problème est soit le report de l’âge de la retraite, soit l’augmentation de l’effort des cotisants. Mais l’augmentation de la population totale n’est pas une solution en rapport avec la nature du problème. Car la population supplémentaire finira bien par prendre sa retraite, elle aussi. On dira alors que la solution au problème des retraites consiste en un accroissement perpétuel et sans limite de la population, ce qui est absurde (on peut certes, pour d’autres raisons, souhaiter l’accroissement de la population, mais c’est sans rapport avec la question des pensions, qui ne réclame que la reproduction des générations). Si, de surcroît, comme c’est le cas en France, les populations immigrées souffrent d’un taux de chômage supérieur à la moyenne et d’un taux d’emploi inférieur, on mesure à quel point l’argument est fallacieux.
L’immigration, telle qu’elle est, n’augmente pas le niveau de qualification de la population active
Les populations immigrées sont globalement moins qualifiées que la population française d’origine.
En outre, une comparaison avec les Etats-Unis montre la prédilection particulière de la France pour l’immigration peu qualifiée.
La politique française de ciblage sur les métiers en tension n’est pas une bonne idée
La désignation de secteurs en tension et le recours à une main d’oeuvre immigrée pour les combler perturbe le fonctionnement naturel de l’économie. Normalement, la pénurie devrait aboutir soit à l’augmentation des salaires dans ses secteurs (jusqu’au niveau où des natifs les accepteraient), soit au développement du progrès technique. L’immigration fausse ce mécanisme. Il faut ajouter à cette objection de principe le fait que si les pénuries sont souvent temporaires, l’installation des immigrés, elle, ne l’est pas. Une fois le recours à l’immigration enclenchée, des habitudes se prennent et les employeurs ne cherchent plus à embaucher des natifs. Pierre Cahuc, commentant le rapport de Gilles Saint-Paul écrit : « L’immigration économique devrait être pensée en fonction d’objectifs de long terme, et non d’indicateurs de court terme qui peuvent varier au gré des fluctuations économiques. Ces objectifs devraient viser un accroissement du PIB par tête et favoriser la mobilité de la main d’oeuvre. Les difficultés de recrutement de certains secteurs et métiers sont liées, surtout en période de chômage élevé, à des dysfonctionnements du marché du travail qui devraient être résolus par une adaptation de la réglementation du travail plutôt que par un appel à une main d’oeuvre étrangère. »
Quelles conclusions tirer de ces quelques données ?
Les justifications économiques de l’immigration, très souvent avancées comme des évidences, méritent une remise en cause complète.
Considérée dans l’absolu, l’immigration n’est ni un bien, ni un mal. Tout est relatif à la situation du pays d’accueil, à ses besoins, à ses capacités d’assimilation. Si à une époque donnée, l’immigration peut être une bonne chose, elle peut être un problème à une autre époque. Tout dépend de la situation, qu’il faut savoir évaluer de manière objective.
D’un point de vue économique, l’immigration est une bonne chose :
- Quand elle est nécessaire à la reproduction de la population
- Quand elle permet d’augmenter rapidement le niveau de qualification de la main d’œuvre
- Quand elle permet d’augmenter le PIB d’une économie en situation de plein emploi
Force est de constater que l’immigration actuellement subie par la France ne remplit aucune de ces conditions : la population française assure par elle-même la reproduction des générations ; l’immigration actuelle fait baisser le niveau moyen de qualification ; l’économie française est très loin du plein emploi. Dans une telle situation, on peut penser que l’immigration (telle qu’elle est) augmente le chômage, tire les salaires à la baisse chez les non-qualifiés et dégrade les comptes sociaux.