50% des Français favorables à la peine de mort : et si on appliquait réellement la perpétuité ?
50% des Français seraient désormais favorables à la peine de mort selon une enquête Cevipof du 26 janvier 2015. Si en décembre 2011, 35 % des Français étaient favorable à la peine capitale, soit un des taux le plus bas depuis l’abrogation en 1981, ce chiffre est remonté de manière spectaculaire à 50 % dès décembre 2013. Véritable volonté ou avertissement politique cette demande de peine de mort peut être révélatrice de l’état d’esprit de la société française. Les différents attentats depuis Mohammed Merah jusqu’aux événements de janvier 2015 peuvent en partie expliquer cette requête. Mais ces 50% sont révélateurs d’une révolte des Français contre la politique laxiste de la justice qui même en condamnant à la prison à perpétuité permet de relâcher les criminels au bout de 30 ans. Ce Français sur deux qui demande un retour de la peine de mort envoie un message très clair au gouvernement, une demande de fermeté et d’autorité.
La peine de mort face à la menace terroriste/djihadiste :
Si Mohammed Merah, les frères Kouachi ou Amedy Coulibaly ont été abattus par les forces du RAID et du GIGN, mettant ainsi fin à toute question sur leur traitement futur, quid de Medhi Nemmouche (livré à la Justice belge) ou des autres djihadistes arrêtés en France à leur retour de Syrie ?
La Justice et le monde politique restent encore divisés et confus sur le traitement de ces individus, selon leur personnalité, leur passif et leur potentialité terroriste. Dans tous les cas, dans l’état actuel de la Justice rien ne permet de s’assurer que ces criminels ne ressortiront jamais de prison.
Ce sentiment d’insécurité face au terrorisme islamiste peut expliquer naturellement ce regain de « popularité » pour la peine de mort. Il est à noter que celle-ci serait déjà appliquée par le gouvernement français au Moyen Orient, par des missions d’éliminations ciblées de ressortissants Français djihadistes.
Une révolte contre le laxisme de la Justice :
Les gouvernements successifs et principalement l’actuel n’entendent pas les appels à la fermeté de la part de l’opinion par souci de sécurité (qui est reconnue comme un droit dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen.) Cette sécurité est un droit et l’Etat tient sa légitimité de l’application de ce droit. Pourtant de plus en plus de signaux sont envoyés dans le sens contraire par le ministère de la Justice. Par souci de préserver le droit à la liberté du délinquant, le ministère met en péril le droit à la sécurité du reste de la population française. L’exaspération des Français monte face à des nouvelles lois qui ne font qu’éviter ou amoindrir les peines de prison. Dès lors progresse une volonté de substitut radical à la peine de prison. Le sentiment ambiant est que la Justice répond à la hausse de la criminalité par la hausse du laxisme.
Un retour à une vraie « perpétuité réelle » :
En France la peine la plus lourde, appelée perpétuité « réelle » est une condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté pouvant aller jusqu’à 30 ans. Le glissement est habile, cette perpétuité dure en réalité trente ans puis peut être aménagée. Le détenu peut demander, au bout de trente ans, un relèvement de sa période de sûreté, c’est-à-dire un aménagement de peine qui peut déboucher sur une libération conditionnelle. Et encore la période de sûreté de 30 ans est réservée à quelques cas spécifiques particulièrement sordides tels que le meurtre d’un enfant de moins de 15 ans accompagné d’un viol ou de tortures.
Cette condamnation à la perpétuité présentée comme un recours à la peine de mort n’est que très rarement prononcée, et lorsqu’elle est prononcée elle n’est jamais définitive.
L’abolition de la peine de mort bien que très impopulaire en 1981 a reçu au fil des ans une adhésion importante de la part de la population française, grâce à cette perpétuité « réelle », qui se substituait à la loi du talion et qui mettait tout de même la société hors de danger du criminel condamné. Il n’a pas été rare de voir relancé régulièrement, lors d’affaires particulièrement traumatisantes, le débat sur la peine de mort. Cette demande n’a jamais été aussi grande depuis près de 20 ans. Elle accompagne l’insécurité et la criminalité grandissantes en France ainsi qu’un sentiment de laxisme de la part de la Justice française qui ne permet plus la sécurité à ces citoyens. Ce laxisme entraine l’opinion à une demande de fermeté qui serait illustrée par le rétablissement de la peine de mort. Sans aller jusque-là il semblerait juste et primordial que la perpétuité soit réellement appliquée et les peines de prison réellement accomplies.