Comprendre le ralentissement de la productivité en France
Une étude menée par le cabinet France Stratégie en janvier 2016 donne des clés de lecture pour comprendre le ralentissement économique dans notre pays. Ce laboratoire d’idées gouvernemental part du principe qu’il existe en France un retard de productivité par rapport aux États-Unis d’une part (ils ont désormais surmonté la crise de 2007- et à d’autre pays de l’Union Européenne d’autre part. Les cas les plus emblématiques sont celui de l’Espagne – où l’on assiste à une forte contraction de l’emploi, qui se traduit par une hausse significative de la productivité apparente du travail – et du Royaume-Uni -où le redressement significatif de l’emploi depuis 2010 ne se traduit pas par une reprise de la productivité.
Le groupe de travail cherche alors à analyser les causes de ce retard français, presque porté au rang d’anti-modèle. Il en détermine plusieurs.
En premier lieu, un lourd défaut de qualification. Une part de ce problème est a attribuer aux carences du système étudiant : un faible taux de scolarisation dans les études supérieures et un niveau de qualification inférieur à la sortie des études par rapport à nos voisins européens accuse le retard français. Il existe également un problème dans la formation continue : l’obsolescence rapide des connaissances, le temps de latence dans le ressenti des politiques éducatives, et vision uniquement court termiste empêchent les réformes d’aboutir.
Les 35 heures sont également ciblées : certes, elles entraînent une hausse de la production horaire mais aussi une hausse de l’intensité de la croissance en nombre d’emplois. Il existe donc un véritable paradoxe autour de cette mesure en termes de productivité.
De plus, un taux de rotation faible fait que les entreprises sont souvent des PME âgées, la priorité n’est pas donnée aux entreprises les plus performantes, souvent de taille plus importante. On observe le phénomène inverse aux Etats-Unis. Appelé « effet Walmart », il consiste en la disparition d’entreprise de petites taille et peu productives au profit de grandes entreprises productives.Les effets dommageables du manque de concurrence (effet d’exclusivité, baisse de la productivité)
La complexité administrative française (notamment pour l’embauche et le licenciement) décourage de nombreux entrepreneurs. Dans le même ordre d’idées, les lacunes dans le droit des faillites empêchent des restructurations efficaces : une protection disproportionnée des actionnaires et la volonté de préserver l’emploi à court terme ne vont pas dans le sens d’un assainissement du tissu entrepreneurial français.
Face à de telles déficiences, le groupe de travail propose quelques pistes de réflexions. L’accès au numérique doit être renforcé. Aujourd’hui, 63 % des entreprises ne possèdent pas de site web. La comparaison avec les Etats-Unis est là encore riche d’enseignement : ceux-ci ont gagné 0,5 % PIB avec le « tout numérique ». Il faut donc au plus vite allier travail humain et nouvelles technologies. Il faut également améliorer la formation et la mobilité des actifs. Il faut enfin favoriser les entreprises les plus productives. Si ces mesures sont mises en place, il pourrait en résulter une hausse tendancielle de ½ points croissance et 0,4%PIB