Ichtus : former, relier et agir !
Ichtus est une association ayant pour vocation la formation, la mise en relation des acteurs politiques catholiques et l’action au service du bien commun. Fondé juste après la seconde guerre mondiale, en 1947, l’organisme est présidé par Bruno de Saint Chamas (ingénieur et chef d’entreprise); et cherche à attirer toutes personnes voulant se former pour participer à la vie de la cité. Elle est présente à Paris et dans quelques villes de province comme Nantes, Orléans et Toulouse.
- Ichtus, héritier de Jean Ousset
Jean Ousset est un intellectuel et militant politique français de sensibilité maurassienne né en 1914 au Portugal. Proche des milieux royalistes, il fut l’un des auteurs majeurs du catholicisme contre-révolutionnaire. Il est l’un des fondateurs de la Cité catholique, un organisme de laïcs agissant pour l’avènement d’un ordre social chrétien. Cela consiste à diffuser à travers les membres du groupe la doctrine sociale de l’Eglise. L’un des héritiers de cet organisme est Ichtus.
- Refaire le politique : colloque annuel
L’association organise le 15 et 16 octobre son colloque annuel intitulé Catholiques en Action : « Refaire le politique ». Pour ce faire Ichtus cherche à répondre à plusieurs questions : Comment refonder le politique face à l’économie ? Comment les citoyens peuvent-ils servir la cité ? Comment promouvoir une politique pour la famille ? Comment retrouver le sens de la grandeur ?
Pour y répondre sont invités plusieurs intervenants, dont Mathieu Detchessahar, professeur, auteur de Le Marché n’a pas de morale (éditions de Chiré) ; Guillaume de Prémare, délégué général d’Ichtus; Clotilde Brossolet, fondatrice des gavroches; Ludovine de la Rochère, chargée de communication pour la fondation Jérôme Lejeune, présidente de la manif pour tous ; et Alexandre Dianine-Havard, directeur du Havard Virtuous Leadership Institute.
Ce colloque se veut donc ancré dans le débat politique actuel, en apportant des réponses émanant d’acteurs dont l’engagement est fondé sur le christianisme. L’association propose une grille de lecture politique, dont on reconnaitra l’influence de la doctrine sociale de l’Eglise, mais aussi métapolitique avec des formations axées sur la civilisation, la transmission, l’art.
A travers une approche différente de l’art, nommée l’ « éducation affective par l’art », Ichtus veut réapprendre à aimer la France, la famille, l’héritage par le beau.
On pourra trouver lors de ce colloque un « forum des catholiques en action », ayant pour but la découverte de causes et l’interaction avec des acteurs impliqués dans les combats politiques et civilisationnels de notre temps, via diverses associations, auteurs, et leaders.
Dernier évènement de ce colloque : une messe pour la France présidée par Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort.
L’association dispose aussi d’une revue présentée lors de cette rencontre (environ 6 publications par an), qui porte sur des sujets variés tels que l’action, la culture, l’écologie humaine, l’économie, l’éducation l’Eglise, la famille, la guerre, les idéologies, la métapolitique, les mœurs, la nation.
- Former, relier et agir
Deux des grandes vocations que s’est donné le mouvement, enjoignent à former pour agir dans la cité en tant qu’acteur conscient des enjeux contemporains, toujours au service du bien commun. Cette formation se veut politique et anthropologique sur l’exemple de Jean Ousset.
Ainsi l’on retrouvera dans la revue Permanences des réflexions sur la laïcité, l’état, l’islam et l’Eglise[1] appelant à retrouver une action et une culture centrée sur « le bien de la communauté, elle même au service de la personne ». Un des chemins possibles serait ici le « dialogue fondé sur la raison » dont l’art et la beauté seraient « l’expérience commune partageable » avec les musulmans de France. Le devoir des acteurs catholiques serait de « donner la France à faire aimer » ; c’est-à-dire agir dans une logique d’amitié, pour ne pas tomber dans l’« arbitraire laïc » : une opposition défensive face à l’islam.
Donner la France à aimer c’est aussi selon Guillaume de Prémare (délégué général d’Ichtus) « poursuivre l’épopée française », un « réenracinement » au service d’un grand projet de civilisation, retrouver une image gratifiante de la France pour « socle de notre aspiration à former une communauté »[2].
Dernière, et non la moindre des vocations, d’Ichtus est de relier les acteurs entre eux, et leur faire découvrir de nouvelles manières d’agir. C’est dans cette logique qu’est organisé le forum des catholiques en action. Il s’agit ici de remettre l’homme au centre des enjeux politiques et de rassembler autour de la doctrine sociale de l’Eglise.
L’association met en place des « cellules », qui n’ont pas pour but de donner une formation érudite chrétienne, mais de « préparer les laïcs chrétiens à leurs responsabilités dans la société, en leur donnant « l’essentiel chrétien » indispensable »[3]. Ces cellules se donnent pour devoir la formation civique et culturelle . On y trouvera des repères philosophiques, politiques, culturels et pratiques.
Ces dispositifs donnent une certaine image du rôle du chrétien en France, non pas celui d’un spectateur pantois, mais plutôt un acteur averti et engagé.
Principes
Ichtus se veut donc un organisme formateur pour le bien commun. A travers ces formations, l’association a l’intention d’éclairer les chrétiens, et de développer un sens critique fondé sur la doctrine chrétienne, dans les pas de Jean Ousset.
On y trouve une grande volonté de peser dans le débat politique, tout en restant libre des partis ou d’influences politiques contradictoires. L’aspiration d’Ichtus est aussi d’amener un point de vue chrétien dans l’échiquier politique actuel, pour porter un projet à multiples facettes : dans lequel l’héritage et la transmission, notamment par l’éducation et l’art reprendraient une part importante, pour faire aimer la France aux désintéressés de la question ; mais aussi prévenir des grands enjeux mettant en péril notre civilisation; ou encore rassembler pour « refaire un peuple ».
Finalement l’association permet de créer des réseaux de compétences et de mettre en relation les acteurs politiques, pour favoriser l’action des laïcs, « afin de les aider à exercer leurs responsabilités en fonction de la place qu’ils occupent dans la société ».
On pourra ainsi retrouver Ichtus sur le thème de l’économie, du travail et de la finance contemporaine avec la vision de Mathieu Detchessahar, qui appelle les catholiques à promouvoir « une économie à l’endroit »[4]. Ici l’auteur fait le constat d’une économie désincarnée, qui est à côté de sa vocation première: « apporter à la société et aux personnes un bien qui permet de se développer et de vivre heureux ».
La question de la vie prend aussi une place prépondérante, avec des contributions fréquentes de Jean-Marie Le Méné, qui averti sur l’avancée du transhumanisme à travers la loi française, et du risque que cela représente pour la société.
Un autre des combats de l’association est donc la culture et l’éducation, par lesquels ils tendent à rassembler les français. L’héritage historique, moral et civilisationnel est à mettre en valeur tout en évitant les « dérives ». Pour cela il serait important de redonner sa place à l’éducation et la famille.
Ichtus veut montrer que les chrétiens laïcs ont aussi un devoir envers le peuple, la communauté et la cité. Pour cela il parait nécessaire de se former, d’agir et de créer des réseaux ; mais aussi de s’engager dans l’arène politique via des causes et associations, qui promeuvent des idées qui unissent. En mobilisant intellectuels et acteurs influents, Ichtus veut faire porter sa voix à tous niveaux de la sphère politique.
[1] Permanences n 542-543 / mars-avril 2016 « Donner la France à aimer »
[2] Feuille de route « Trouver le chemin de l’amitié politique » par Bruno de Saint Chamas ; Page 6-8.
[3] Permanences n 542-543 / mars-avril 2016 « Donner la France à aimer »
Fil rouge « Poursuivre l’épopée française » par Guillaume de Prémare ; page 10-14.
[4] Permanences 540-541/ Janvier-février 2016 « Refaire un peuple »
Les enjeux métapolitiques « Remettre l’économie à l’endroit » Mathieu Detchessahar ; page 9-12.