L’avenir du politiquement correct, c’est le populisme (André Comte-Sponville)
Introduction
Jean-Claude Seys, Président de l’Institut Diderot, considère le politiquement correct comme dangereux pour l’évolution de nos sociétés. « Terreau du populisme », il aurait – dans les années 30 – conduit à ignorer les menaces hitlériennes, tant le désir de paix était vigoureux. Une hypocrisie sociale ambiante, le refus de la vérité : voilà les phénomènes « [résuidant] à néant les chances de synthèse et de compromis fructueux qui ne peuvent être que réalistes ». Le politiquement correct comporterait une origine minoritaire, qui tenterait de prétendre à l’orientation d’un comportement collectif.
De nos jours, le politiquement correct n’en est pas moins dangereux. L’exemple probant en serait le rôle de l’islamisme dans la sphère publique. Le gouvernement et les élites françaises refusant toujours de s’attaquer au vrai problème et soutenant que la menace est irréaliste….
Le populisme : la clef du politiquement correct ?
Pour André Comte-Sponville, « l’avenir du politiquement correct, c’est le populisme ». Une explication pratique au succès qu’a connu le Front National aux dernières élections régionales, résultat de décennies d’autocensure et de bien-pensance privant toute expression de lucidité et de sincérité afin d’éviter de choquer certaines minorités.
Pour le philosophe, le politiquement correct serait ainsi « moins la voix de la majorité que celle des élites réelles ou prétendues ».
Au XVIIe siècle, Pascal disait qu’« il y a ridicule lorsqu’il y a confusion des ordres » ; lorsque le « ridicule se trouve au pouvoir il y a tyrannie ». Rappelant ces propos, Comte-Sponville tient à rappeler que c’est à la tyrannie de la fausse tolérance que s’impose en morale dominante.
Caractérisé par l’euphémisme, le politiquement correct aurait été saisi par une minorité, qui serait parvenue à déterminer une façon de penser érigée en posture dominante – alors même que cette pensée constitue le contraire de ce que pense la majorité. Paradoxe que tout le monde semble accepter, déplore l’intervenant.
Pour le membre du Comité consultatif national d’éthique, l’islamisme radical a nécessairement un rapport avec l’islam, comme l’Inquisition avait une inéluctable liaison avec le christianisme. Si les chrétiens l’on accepté, reconnu, c’est désormais aux aux musulmans d’opérer un tel travail critique. « Pour les aider, nous devons refuser ce politiquement correct qui est néfaste », ajoute-t-il.
Conclusion
Dans la salle, on acquiesce et soutient la thèse d’André Comte-Sponville. Ainsi Dominique Lecourt de pointer que dès les années 1990, la France fût touchée par la chasse aux tabous. Cette dernière aurait restreint la liberté de penser, éduquant toute la nouvelle génération à limiter sa liberté d’expression. Les minorités se seraient dans ce cadre emparées du politiquement correct et en auraient fait leur force.
« Aujourd’hui on ne dit plus clochard mais sans domicile fixe, on ne dit plus clandestin mais sans-papier, plus sans-papier mais migrant, on ne dit plus migrant mais réfugié », dénonce-t-il. Dans un souci – illusoire – de ne pas heurter les minorités, le franglais moyen est adopté ; mais il ne trompe plus personne…
Après le langage, c’est le conformisme de la pensée qui est mis en péril. Une auto-flagellation permanente menant au déni de la pensée française. Lecourt prend l’exemple des universités françaises, prêtes à se soumettre à s’abaisser à toutes les théories en vogue pour être certaine d’agir comme tout le monde (théorie du genre et autre…)
En résulte un système actuel désastreux, tel qu’il est proposé à l’échelle de l’éducation nationale catastrophique.
Source : Institut Diderot, L’avenir du Politiquement correct, André Comte-Sponville, publication de mars 2016