Euro, franc suisse, contre-choc pétrolier : décryptage
L’euro, la chute.
Quelle sont les raisons d’une telle baisse ?
Les raisons sont multiples. D’un point de vue économique la chute de l’euro est pleinement justifiée une croissance atone, avec une inflation extrêmement faible voir une déflation. Economiquement rien ne justifiait les niveaux atteint ces dernières années par l’euro. Ainsi un retour à des niveaux plus bas est pleinement justifié.
Cependant la vraie raison est d’ordre financière.
1. L’arrêt du quantitative Easing par la FED.
Principale responsable, l’arrêt du quantitative est l’une des raisons de la dépréciation de l’euro sur les marchés financiers. En effet, l’arrêt du QE (Quantitative Easing) revient à stopper la « planche à billet » pour financer la dette. Il conduit mécaniquement à un arrêt de la dépréciation du dollar notamment par rapport à l’euro. L’euro servant jusqu’alors de valeur refuge contre la dépréciation du dollar pour les investisseurs. Cet arrêt conduit de nouveau les marchés à prendre en compte la réalité économique des Etats Unis. L’économie américaine étant en meilleure santé le dollar se réapprécie de facto par rapport à l’euro. (La zone euro étant embourbée dans une stagflation.)
2. La nouvelle politique monétaire de la BCE
Depuis la crise financière de la zone euro en 2012, la banque centrale européenne, déjà présidé par Mario draghi avait annoncé de multiples mesures afin d’éteindre l’incendie sur les marchés financiers.
Les « Long term refinancing operations » (LTRO) devaient permettre à la banque ayant des difficultés à se refinancer, de le faire auprès de la BCE. C’était aussi le cas pour l’opération monétaire sur titre (OMT). Elle consistait en un rachat de dette sur le pays visé par des spéculations en quantité considérable. Cette mesure avait permis d’éloigner la vague spéculative sévissant alors sur la zone euro mais elle est restée purement incantatoire.
Cependant l’actualité économique au sein de la zone euro est tellement mauvaise, que les marchés anticipent une action de la BCE pour éviter une déflation et relancer la croissance économique. De plus l’autorisation récente par la justice européenne d’utiliser ces mesures est l’une des raisons actuelles qui justifie la baisse de l’euro.
En effet un rachat d’actif pratiqué en quantité considérable par la BCE aurait pour effet de déprécier la monnaie sur le marché financier. Chose que les marchés anticipent.
Pour résumer, la croissance économique atone, l’arrêt du QE par la FED et les possibles interventions (OMT) par la BCE justifient amplement la baisse de l’euro.
Le franc suisse : ce que révèle l’augmentation extraordinaire du franc suisse par rapport à l’euro.
L’augmentation du franc suisse profitera économiquement aux pays frontaliers.
Dans le cas de la France, les français travaillant en suisse verront leur pouvoir d’achat augmenter et les suisses frontaliers seront tentés de s’approvisionner en France. D’autre part, du fait de la dépréciation de l’euro les produits français seront moins chers.
A plus grande échelle les entreprises suisses souffriront de cette appréciation monétaire. Leurs produits seront nettement moins compétitifs notamment vis-à-vis de leurs homologues européens.
Cependant, la raison du désarrimage du franc suisse à l’euro n’est pas d’ordre économique mais financière.
Le raisonnement du patron de la banque nationale suisse, Thomas Jordan est clair. La fin de l’arrimage du franc suisse à l’euro est une anticipation de la chute de cette même monnaie du fait du rachat massive d’actifs que la BCE compte faire prochainement.
Ainsi, Thomas Jordan pense que l’euro se dépréciera fortement dans les mois à venir.
Est-il le seul ?
Non, l’appréciation immédiate du Franc suisse en est la preuve. Elle est considérée comme une valeur refuge. Beaucoup d’investisseurs essayent de diversifier au maximum leur portefeuille dans des monnaies différentes afin de limiter le risque. Ces investisseurs sont donc conscients qu’il y a un risque de change assez conséquent sur l’euro. La zone euro est toujours instable, les problèmes internes ne sont toujours pas réglés et ont même empiré pour la Grèce.
Concernant le contre-choc pétrolier ?
Les conséquences sont multiples et plutôt bonnes pour la France.
Les produits verront leur prix baisser à la production, les français gagneront en pouvoir d’achat et les entreprises verront leur compétitivité améliorée.
Même si cette baisse est à nuancer depuis la chute de l’euro, elle sera positive pour l’économie française.
Les raisons de ce contre-choc sont multiples mais la plus intéressante concerne les États-Unis et les pays exportateurs de pétrole.
Les Etats-Unis d’Amérique ont connu le miracle du gaz de schiste. Ce miracle était dû en grande partie au prix élevé du baril de pétrole.
Le gaz de schiste est en effet rentable qu’à partir d’un certain prix. Or avec la chute du prix du baril de pétrole, les exploitations de gaz de schiste deviennent déficitaires. Et la plupart seront en faillite avant la fin de l’année 2016.
Cette baisse de prix profitera donc sur le long terme aux pays pétroliers. Beaucoup possèdent encore plus de 50% de leurs réserves.
Le calcul est donc simple pour les pays exportateurs de pétrole, Arabie saoudite en tête : vendre moins cher pour tuer le gaz de schiste. La fin du miracle permettra à ces pays d’écouler leur réserve.
Pour conclure
Ainsi l’actualité économique est très favorable pour l’économie française, la sensibilité de l’économie française à une baisse de l’Euro est l’une des plus importantes d’Europe. Aussi la récente appréciation du franc suisse, rend les produits français plus compétitifs que leurs homologues suisses. A cela s’ajoute le contre-choc pétrolier, l’économie française gagne donc sur ces trois tableaux.