Bruno le Maire ne veut pas se résigner
C’est en tout cas ce qu’il annonce dans son ouvrage, Ne vous résignez pas ! paru au début du printemps 2016 (éditions Albin Michel). L’enjeu ? Comme bon nombre de députés politiques Les Républicains en cette période de l’année : les primaires en vue des présidentielles. Un sombre tableau en guise d’introduction : alors que « le monde bouge, la France se crispe ».
La Nation, plongée dans la torpeur d’un immobilisme politique suranné, doit trouver des issues ; car après tout, ces personnalités du monde politique ne sont-ils pas « tous pareilles, tous incapables de changer réellement les choses » ? Inefficacité politique dont le député du l’Eure ne s’absout pas entièrement… « Le moment est venu de dire qui porte la responsabilité de cet affaiblissement sans précédent. Nous tous ». Car la France est affaiblie : notamment économiquement : le fruit du déclassement selon Bruno le Maire ? « Notre lâcheté collective ». « Louis XIV entraînait ses courtisans à de folles dépenses pour les maintenir sous sa tutelle. Nous avons gardé cette inclination. Notre dette est explosée », déplore l’auteur. Bravoure de la comparaison : la mise en parallèle du règne du Roi-Soleil, dont les entreprises financières étaient dirigées à la faveur du rayonnement et de la grandeur du pays, avec une poignée d’oligarques ploutocrates ne manque pas de saveur…
Mais Bruno Le Maire a un plan pour élever cette France qui en 2017 devra faire un choix : se résigner ou se redresser. Car l’homme est idéaliste ; son « idéal est la France, cette nation qui se soulève pour une injustice, qui se querelle pour un rien et qui se rassemble pour sa liberté ». La liberté, une fin en soi ? Quoiqu’il en soit, le républicain, qui considère appartenir à ce « peuple de 1789 », pointe du doigt la nécessité d’opérer une « révolution démocratique », portée par la voix du peuple – « Aucun peuple ne peut vivre debout sans porter une ambition nouvelle » ; « Vous avez le pouvoir ! Prenez-le »[1], indique-t-il…. Robespierre n’aurait pas abjuré.
En tant que candidat à la primaire ouverte, Le Maire dresse quelques-unes de ses propositions pour redresser la France. Et de son propre aveu, la méthode est simple : « aller vite, aller loin, aller fort ». Vaste programme… Soulignant tout son amour de sa vision de la Nation, le député annonce qu’il ne transigera pas sur l’épineuse question de l’identité. « Il ne peut y avoir de débat sur notre identité. On est français ou ne l’est pas ! », s’exclame-t-il… avant d’indiquer « La carte d’identité suffit à l’établir ». On reste dubitatifs : car en cette période où l’immigration massive engendre des naturalisations parfois frauduleuses[2], l’identité de papier peut-elle véritablement constituer la garantie d’un attachement à la Nation susceptible d’assurer son redressement ?
LE MAIRE, Bruno, Ne vous résignez pas !, février 2016, Albin Michel.
[1] Paradoxe de cette dernière phrase : comment le peuple auquel il s’adresse peut-il devenir l’acquéreur d’un pouvoir qu’il est censé détenir ?
[2]http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/05/10/l-ap-hp-suspend-l-un-de-ses-medecins_4916556_3224.html