Mossoul : exode forcé et persécutions de l’Etat islamique contre les chrétiens
Le 10 juin les combattants de l’EIIL ont pris Mossoul, le lendemain matin l’exode des civils et notamment des chrétiens présents en grand nombre dans la ville commençait. La persécution dont les chrétiens sont victimes depuis l’arrivée des djihadistes a connu son apothéose lors de l’annonce de l’ultimatum posé par ce groupe, qui peut se résumer en une phrase : partir ou mourir. Un exode forcé qui déchire cette communauté qui comptait environ 35.000 membres dans la ville avant 2003.
L’ultimatum des combattants de l’Etat islamique
Les combattants de l’Etat islamique (Daech en arabe) avaient laissé jusqu’à samedi aux chrétiens de Mossoul pour quitter la ville, laissant à ceux qui voudraient rester «dans le califat » le choix entre la conversion à l’islam, l’acquittement de l’impôt spécial de la «djizya» et « le glaive ». Il n’y a maintenant plus aucun chrétien à Mossoul un des berceaux historiques du christianisme.
Les chrétiens de Mossoul sont dépouillés de tous leurs biens, que ce soit dans leur fuite obligée (vers Dohouk ou encore Erbil dans la région du Kurdistan) ou dans la ville : les djihadistes allant même jusqu’à voler les alliances des femmes et n’autorisant les chrétiens à partir qu’avec les vêtements qu’ils portent. De plus, en partant, les chrétiens laissent derrière eux une vie : une maison, des souvenirs… en effet, une maison abandonnée reconnue comme appartenant à des chrétiens est une maison appartenant à l’Etat Islamique. Il en va de même pour les maisons appartenant aux musulmans chiites, considérés par les djihadistes comme impurs.
Ne laissant que quelques heures aux habitants de Mossoul pour fuir, les djihadistes par les hauts parleurs de la ville auraient délivré des messages de menaces répétitifs afin de faire comprendre aux chrétiens et chiites qu’après l’ultimatum la seule solution serait la mort.
Des signes sur les maisons chrétiennes et chiites
Afin de reconnaître les maisons des chrétiens dans la ville de Mossoul, les djihadistes ont apposé sur les murs de ces dernières un N rouge pour Nazarat, c’est-à-dire chrétien. Ainsi les maisons abandonnées peuvent être ravies mais surtout, ce repère permet aux combattants de l’EI de vérifier la présence de ces chrétiens auxquels ils prennent tout.
Application des principes de base des combattants de l’Etat islamique
Dès l’arrivée des djihadistes dans la ville, a été mis en place les deux principes de bases qui sont les leurs : la femme est inférieure à l’homme et le non-musulman est inférieur au musulman. Ainsi deux lapidations ont déjà été revendiquées par ce groupe contre deux jeunes femmes accusées d’adultère en Syrie.
Propagation de la peur et revendication de massacres
Les hommes faisant parti de l’EI ont pris l’habitude sanglante de poster sur internet et les réseaux sociaux des photos de leur « victoires » soit des massacres qu’ils perpètrent en Irak. Ils n’en sont que plus redoutés par leurs cibles.
Pourtant les gouvernements occidentaux sont restés, jusqu’à présent, relativement silencieux face à de tels actes.
L’évêché de Mossoul incendié
Le patriarche de l’Eglise syro-catholique, Ignace Joseph III Younan,a confirmé l’incendie de l’évêché syriaque catholique de Mossoul par les djihadistes. Un geste intolérable devant lequel les chrétiens irakiens sont impuissants.
De rares réactions
Face au calvaire enduré sous nos yeux par les Chrétiens irakiens, rares sont les voix de personnalité à s’élever. Deux pourtant ont exprimé leur soutien récemment.
- Le Pape François par ces mots : « Nos frères sont persécutés, chassés, ils sont forcés d’abandonner leurs foyers sans pouvoir emporter quoi que ce soit avec eux. J’assure ces familles que je suis proche d’elles et en prière constante ». « Je sais combien vous souffrez, je sais que vous êtes dépouillés de tout. »
- Mais aussi le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon qui a affirmé dimanche 20 juillet que la persécution des chrétiens en Irak par l’EI peut être considéré comme un « crime contre l’humanité ». De plus il condamne « de la manière la plus ferme possible le persécution systématique de minorités en Irak par l’Etat islamique et les groupes armés qui lui sont liés. »
- La France vient de condamner le 21 juillet l’ultimatum des djihadistes de l’Etat islamique, deux jours après son expiration, par un communiqué du ministère des Affaires étrangères déclarant par ailleurs « Nous sommes mobilisés pour que les droits des communautés chrétiennes d’Orient soient respectés. »
Pendant ce temps-là l’Etat islamique poursuit ses conquêtes avec la prise du monastère de Mar Benham entre Mossoul et Qaraqosh ; qui abritait jusqu’alors une communauté de moines syriaques catholiques chassés du site ; en étant obligé d’abandonner objets sacrés et reliques.