« Une Europe qui risque de perdre son âme », le discours du pape François
« Une Europe qui risque de perdre son âme ». Voilà la mise en garde du pape François lors de son discours devant le Parlement européenne le mardi 25 novembre 2014.
Mais pour certains, il s’agit d’une « prêche » qui n’a pas sa place dans un hémicycle laïc, comme l’a indiqué Jean-Luc Mélenchon dans une lettre ouverte adressée au Pape, pour qui « Cette impossibilité résulte de notre définition républicaine d’une assemblée de députés du peuple souverain. Vous avez la sagesse et la culture qui auraient dû vous permettre de prévoir que nombre d’entre nous seraient humiliés par un tel manquement aux règles de la laïcité indispensable d’un Parlement européen lorsqu’il inclut notamment des Français dont la loi interdit ce genre de confusion ». Il n’a d’ailleurs pas hésité à twitter ceci à la fin du discours du Pape :
Nous pouvons également déplorer l’action d’une femme se revendiquant de l’organisation Femen dans la cathédrale de Strasbourg, la veille de la venue du Pape.
La légitimité de la venue du pape François
Par ses racines chrétiennes, l’Europe se doit d’écouter le Pape. Et même au-delà, le Pape transmet un message universel, qui ne concerne pas que les chrétiens catholiques. Il n’est pas venu tenir ce discours pour prêcher, mais pour apporter un message d’espérance et guider nos dirigeants vers le bien commun, dans un monde et une Europe traversés par les crises. Avant d’être économique, la crise est avant tout existentielle. Si, pour certains, il n’apporte pas « LA » vérité, il nous livre au moins certains éléments par sa vision humaniste du monde. La laïcité entend l’indépendance de la politique des conceptions religieuses et la neutralité des institutions. Mais cela ne veut pas dire que l’on ne peut pas partager des valeurs communes. Entendre le Chef de l’Eglise catholique romaine ne fait pas perdre son indépendance au Parlement européenne, mais apporte des éléments de réflexion. Ainsi, pour Martin Schulz, en plus d’être un « chef d’Etat », le Pape apporte une « contribution au pluralisme de notre Parlement, qui représente les 507 millions d’habitants des 28 États souverains européens » Marie-Georges Buffet, également, estime que « beaucoup de gens devraient écouter le pape François », car il prône une vision qui met l’homme au centre de toutes les autres considérations, notamment économiques.
Enfin, l’Union européenne n’en est pas à sa première invitation d’une personnalité religieuse, avec notamment celles du Dalaï Lama en octobre 2001 et en décembre 2008, qui n’avait pas fait autant de bruit.
Un discours d’espoir centré sur la dignité humaine
C’est à une Europe « vieillie » et fatiguée que le Pape s’est adressé. Une phrase semble résumer tout son discours : « Une Europe qui n’a plus la capacité de s’ouvrir à la dimension transcendante de la vie est une Europe qui lentement risque de perdre son âme ».
Le cœur du message du pape François est là : la dimension transcendante de la vie et donc la centralité de l’homme. L’Europe oublie ses racines, notamment chrétiennes, et traverse donc une crise existentielle qui se traduit par l’opulence, l’individualisme et l’abandon du bien commun, que le Pape appelle « la culture du déchet ». En effet, il évoque le risque de l’évolution de notre monde économique, qui pousse à envisager l’homme comme un bien de consommation quelconque. Il réaffirme les droits fondamentaux, les devoirs et la dignité de l’homme, que l’Europe a le devoir de protéger, poussée par le bien commun. C’est l’absence de ce but qui mène aux conflits à aux violences. Il met également en garde contre « l’une des maladies les plus répandues en Europe » : celle des personnes âgées abandonnées, celles des jeunes sans repère, celle des chômeurs, celle des migrants… Dans cette lignée, il dénonce fermement l’avortement et l’euthanasie.
Pour y remédier, le Pape préconise de « favoriser [les] capacités » de l’homme. Ceci passe par l’éducation, qui commence par la famille, « cellule fondamentale de la société », puis par les institutions éducatives et enfin par le travail.
Le pape François a également abordé les thèmes de l’écologie et de l’immigration.